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Documentation : Patrick Moyon

Mise en ligne : Monique Lambert  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Elle était bien dans l’embarras cette loueuse de chaises. Jeanne Tardit exerçait son activité dans la Chapelle du Temple. Jusqu’alors la confiscation des biens de l’Eglise n’avait pas eu trop de conséquences sur son activité. Tout s’est compliqué pendant cette période difficile que l’on a appelée la Terreur. La Chapelle n’était plus accessible et elle souhaitait reprendre ses chaises. Pas si simple. 

On peut trouver sous la cote ADG 1 Q 881 les traces du déroulement de cette affaire qui ne fut pas traitée à la légère comme on peut en juger au travers du document.

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Un lien entre cette chapelle et la rue du Temple à Bordeaux ?
Le nom de cette rue évoque en effet une construction disparue dont il reste peut-être quelques pierres dans les fondations ou les murs.

La chapelle avait été construite  par la Commanderie du Temple  un ordre créé le 13 janvier 1129
Bordeaux étant le chef-lieu d'une importante Commanderie des 1167, ne pouvait pas passer au travers de la vague de construction du « grand manteau blanc » qui a parcouru l’Occident. Pierre de Saint Jean a fait construire la chapelle Notre Dame du Temple vers 1180 sur la paroisse Notre Dame du Puy Paulin.

 Modeste, 22,6 mètres sur 7,20 de large. Six fenêtres et un clocher muni de deux cloches, Elle s'appuie sur la façade nord du castrum romain englobant une partie du mur et une tour sur notre cours de l'Intendance (fossats de Campauria en 1330). Vers le sud, la rue Porte Dijeaux ou Grande rue du Temple (1337) en était la limite. Vers la place Gambetta, c’’est l'impasse du Temple devenue la rue du Temple fin 19s et vers la Garonne, c’est la rue de Grassi, l'antique rua Porta Neda, 1310 (rue Porte Neuve).

 

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Une cour, la maison du Commandeur, sept maisons, un puits très profond (nous sommes a douze mètres d'altitude...) et le cimetière a l’arrière et coté de la chapelle formaient la sauveté.

 

Après la chute du Temple (13 mars 1312), les propriétés ont été données aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui les ont gardées jusqu'à la Révolution.  Elles onLa chapelle a survécu jusqu'à la fin du XIX ème siècle.t été vendues entre l'an 3 et l'an 6 de la République comme biens nationaux.

 

La chapelle a survécu jusqu'à la fin du XIX ème siècle


 Voici ci-dessous le résumé chronologique de l’affaire.


21 mars 1794 . Jeanne Tardit  a dû rédiger une pétition : Elle demande les clés de la chapelle pour reprendre ce qui lui appartient. Dans la cour de la chapelle, il y a un chai, construit en bois, dans la chapelle, il y a des chaises et d’autres effets.


16 avril 1794
Le citoyen Oulies, traiteur occupant l’hôtel de Malte rue porte Dijeaux expose «  qu’il tient à loyer cette maison depuis quatre années » « le bail est expiré depuis le 10 avril dernier », « au prix de  deux mille trois cent livres ». Il est le « principal fermier de la commanderie  du temple de Bordeaux ». Il certifie que toutes les chaises et prie-Dieu qui sont dans la chapelle appartiennent à Jeanne Tardit qui les a achetés ; Il y a aussi « deux échelles et un hangar en planches dans la cour à côté du puits ».

 

2 mai 1794 Le citoyen Reand doit s’assurer de la véracité des faits


20 mai 1794. Le citoyen Ruand s’est assuré que les effets sont «  une propriété particulière à la pétitionnaire »


29 mai 1794 Le conseil du district  considère  qu’il résulte des renseignements pris par Ruand membre du conseil de la Municipalité que les objets réclamés par la pétitionnaire sont sa propriété. Il est d’avis que Jeanne Tardit « est autorisée à retirer les chaises, echelles & plancher par elle réclamés ». Elle doit affirmer par serment que sa demande est légitime.30 mai 1794. Le conseil général de la commune de Bordeaux  après avoir vu le rapport de Ruand  et ouï l’agent national  estime que les chaises sont bien la propriété de Jeanne Tardit et « qu’il est de toute justice qu’elle obtienne la main-levée ».


1 juin 1794 Le rapport sera communiqué au directeur de l’agence du domaine des biens nationaux pour fournir des observations en séance publique du directoire du 4 juin 1794 Le directeur de l’agence nationale de l’enregistrement et des domaines estime  qu’il y a lieu d’autoriser la pétitionnaire à retirer chaises, échelles et planches «  par elle réclamées à charge  d’affirmer que sa demande est légitime ».département.

 

4 juin 1794 Le directeur de l'agence nationale de l'enregistrement et des domaines estime qu'il y a lieu d'autoriser la pétitionnaire à retirer chaises, échelles et planches "par elles réclamées, à charge d'affirmer que sa demande est légitime".

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Transcription de l’intégralité du texte dans sa forme et sa chronologie

Aux Citoyens Membres du District
du Bec d'Ambes

Citoyens
La citoyenne jeanne Tardit cy-devant loueuse de chaise a la chapelle du si-devant Temple de rue porte Dijaux a l'honneur de vous adresser sa petition afin d'obtenir de vôtre justice la Permition Di faire sortir des effets a la dite Tardit Comme luy appartenant qui sons dans la chapelle de la ditte cour du temple Comme chaises et autres effets ainsi qu'un chay dans la ditte cour construit en plancher luy appartenant aussi La Citoyenne Tardit espére que vous pramdrois en considération la réclamation quelle vous fait dans sa pétition et luy confier les clés de la dite Chapelle pour y faire sortir les effets designer si dessus luy appartenant.
Bordeaux le 29 ventôse 1 germinal an 2 de la République française une et indivisible

janne Tardit


Soit Communiqué à la Municipalité de
Bordeaux pour faire attester les faits
Délibéré en Séance Publique du Conseil du Disttrict de
Bordeaux le 26 Germinal l'an 3 de la R. que.fse
Monviller
Durouquilheur

Le citoyen Ruand membre du conseil c'est assuré que les éfets cela même ou d'autre part sont une propriétés particuliére à la pétitionaire don il suis qu'il en est de la justice de lui en faire faire la remise. Bordeaux le 1 prairial an 2 de la république une & indivisible
Champons
Hospital
Clemenceau
Dutasta

Vu la pétition de la citoyenne Jeanne Tardit cy-devant loueuse de chaises à la chapelle du ci-devant Temple rue Porte Dijeaux tendante à être autorisée de faire sortir de la susditte chapelle les chaises qui y sont renfemée & qui lui appartiénne, vû le renvoie du District à la municipalité pour faire veriffier les faits , et le rapport du citoyen Ruand Notable commissaire nommé à l'effet de fournir les renseignements necessaire a ce sujet.
Le conseil général de la commune , oui l'agent National estime d'aprés le Rapport de son commissaire que les dite chaises réclamée par la pétitionnaire sont réellement sa Propriété & qu'il est de toute justice quelle obtienne la Main levée
Délibéré en conseil Général de la commune de Bord. Le 10 Prairial de l'an seconde de la République Française une et indivisible
Cogeruit, officier
Moutaunt

Vù la Pétition présenté par la citoyenne jeanne Tardit ci-devant loueuse de chaises à la chapelle du ci-devant temple tendante à etre authorisée à sortir de cette maison les chaises, deux echelles & les planches ayant servi à former un hangar dans la cour, vu aussi les observations de la Municipalité de Bordeaux
Le Conseil du District de Bordeaux
Considérant qu'il résulte des renseignements pris par le C Ruand Membre du Conseil de la Municipalité de Bordeaux et commissaire nommé a cet effet que les objets réclamés par la pétitionnaire sont sa propriété
& d'avis que la petitionnaire est autorisée a retirer les chaises, échélles & plancher par elle réclamés attendu quelle justifie que c'est sa propriété à la charge néanmoins d'affirmer par serment que la demande est légitine
Délibéré en conseil de District de Bordeaux le 9 Prairial l'an 2 de la R. FR.
Duret
donril
lacoste
girad

Le C. Ruaud notable s'assurera des faits enoncé de l'autre part et faira son rapport
Bord. Le 13 Floréal l'an 2 Rep.
Haussade, greffier

Soit communiqué au directeur de l'agence du domaine Nationaux à Bordeaux pour fournir les observations délibéré en séance publique du directoire du département du bec d'anbes à bord. Le 13 prairial an 2 de la RP. Une et ind.
Lebras, secrétaire

Du 1 Germinal l'an 2
N° 6738

La citoyenne jeanne tardit ci-devant loueuse de chaises demande d'etre autorisé a retiré de la chapelle ci-devant du temple situé rue porte dijaux , tout les effets a elle appartenant qui se trouve dans la dite chapelle

N°83
La citoyenne Jeanne Tardit ci-devant loueuse de chaises

N°213
Bordeaux
recus le 11 prairial
N°195
enreg 58

Le Directeur de l'agence nationale de l'enregistrement et des domaines d'aprés les observations de la municipalité de cette commune estime en se référant a l'avis du district du 9 de ce mois qu'il y a lieu d'autorisé la pétitionnaire a retirer de la ci-devant chapelle du Temple de Bordx. Les chaises, échels et planches par elle réclamé, a la charge par elle d'affirmer par serment devans le district que la demande est légitime fait a Bord. Le 16 Prairial an 2 de la république Française une et indivisible
Peat
n°22

Le citoyen oulies, Traiteur, occupant le ci-devant hôtel de malte , rue porte dijeaux, expose qu-il tient a loyer cette maison depuis quatre années et dont le bail est expiré depuis le 10 avril dernier
au prix de deux mille trois cent livres
je sousingniet et certifies commes principal fermier de la commanderie du temples de bordeaux que toutes les chéses et pries dieux qui son dans la chapelle du temple appartient a la citoyenne jeane tardy commes les ayant achetées a ses dépant avec un soleux(?) et deux echeles de plus un angar en planches dans la cour a côté du puy en foy de quoy a bordeaux 26 germinal l'an segon de la république française une te indivisible
oulies


(01/2016)