Un questionnaire est alors lancé. Son intitulé : « Questions sur les différentes espèces de bêtes à laine et les moyens de les élever ». En filigrane : l’amélioration des bêtes à laine. Une consigne : « Ces questions ne demandent ni recherches, ni discussions, mais des réponses claires, succinctes, fondées sur l’expérience journalière des laboureurs et des bergers, auxquels il faut avoir recours pour ces éclaircissements ». On relève dans la formulation des questions un certain souci du détail, bienvenu pour une meilleure connaissance du petit monde ovin en Guyenne. Les réponses nous introduisent dans l’univers du mouton sur un territoire qui comprend le Réolais, le Bazadais et les landes « jusqu’à la mer », ainsi que le nord des Landes.
Seuls quelques mémoires en réponse à ce questionnaire sont parvenus jusqu’à nous. Six nous renseignent sur les moutons de la région de La Réole et du Bazadais ainsi que sur ceux des landes de Gironde et du nord des Landes. Des espaces qui présentent des similitudes mais aussi des différences qui ne sont pas sans conséquences sur la vie des moutons. Aussi a-t-il été choisi de les présenter en deux groupes.
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Parmi les réponses au questionnaire, il fallait faire un choix. Ont été privilégiées celles qui permettent de découvrir et de suivre les bêtes à laine dans leur monde : celui des vignes, des champs, des bois de chênes ou de pins, ou dans ces landes couvertes de bruyères ou d’ajoncs qui impressionnaient les voyageurs aventurés dans ces contrées jugées hostiles.
Petit préambule. Avant d’entrer plus avant dans l’observation in situ des moutons, voici quelques éléments d’information, valables à quelques nuances près pour toute la gent ovine.
Mouton : c’est un terme générique qui comprend le mouton, le bélier, la brebis, l’agneau et l’agnelle jusqu’à 12 mois. Il vit ordinairement jusqu’à 7 ans.
Valeur des bêtes : Un bélier : 6 livres - une brebis de 2 à 8 ans : 3 livres - un agneau de lait gras : 3 livres - un agneau maigre : 4 sols.
« On donne la brebis au bélier », suivant une expression consacrée, pendant l’été. Le bélier féconde en moyenne 30 brebis en un mois. La brebis donne un agneau par an (rarement deux) cinq mois plus tard. Les agnelles futures « brebis » sont conservées. Les agneaux mâles peuvent être engraissés pour être vendus à Carnaval et à Pâques. Ou, futurs « moutons », ils sont castrés à un an par incision ou ligature des bourses.
La mère allaite tant qu’elle peut pendant six mois. Les « bêtes à laine » sont conduites dans des lieux où elles trouveront de quoi brouter. On peut aussi les faire séjourner un certain temps dans des lieux où elles déposent leurs déjections. Ce qui permet de fertiliser les sols arides. Cette façon de procéder est dénommée « parcage ».
Ils sont hébergés dans des bergeries où ils sont plus ou moins bien nourris. Qui dit mouton dit laine. Une laine dont les qualités et les défauts sont décrits minutieusement dans les réponses au questionnaire. La tonte intervient en été avec des ciseaux spéciaux appelés « forces ». |
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Les toisons, souvent sales, sont imprégnées d’une matière grasse brune appelée le « suint ». Aussi fait-on la distinction entre peaux « lavées » ou « non lavées ». Les prix varient du simple au double. Laine lavée -> |
Les peaux peuvent être vendues avec ou sans la laine.
Accessoirement le lait des brebis peut être consommé ou transformé en fromage.
Des moutons dans les paroisses du Réolais et du Bazadais.
On ne compte que de petits troupeaux de 20 à 30 bêtes. Leur laine est décrite de couleur noire, blanche ou noisette.
L’auteur du questionnaire, soucieux d’améliorer l’élevage des bêtes à laine, se préoccupe des particularités des « espèces » de mouton. Aussi pose-t-il des questions sur la taille, les marques distinctives, la couleur de la laine etc. Sans doute a-t-il été déçu car les « laboureurs et bergers » se soucient assez peu de donner un nom à l’«espèce» de moutons dont ils ont la garde ou de chercher à améliorer les qualités des bêtes par croisement ou autre façon de procéder. Une exception, il est fait mention d’une race particulière dans le Bazadais : les « marines ». Des moutons plus petits que ceux des cantons voisins, un museau plus allongé, des cornes parfois, une laine noire assez fine.
Ce sont des enfants de 10 à 12 ans qui ont la garde de ces petits troupeaux. Selon la coutume on prend un enfant de la famille ou celui d’un «étranger, on leur donne vêtement et nourriture comme seul gage ».
Vers Caudrot près de La Réole, les jeunes gardiens font paître les bêtes là où ils ne risquent pas d’endommager les cultures : les chemins, les vignes après les vendanges ou dans les « redoubles » (champs après la récolte). Vers Aillas où sont notés de « mauvais prés » les moutons vont brouter dans des terres de landes, dans les bois, dans la bruyère, ou sur des côteaux incultes. Dans le Bazadais Les moutons sont « conduits les trois quarts de l’année dans une lande vaste qui a plusieurs lieues de largeur et couverte de petite bruyère qu’on brule pendant l’été pour bonifier le pacage ». « Dans la saison la plus rude on les conduit dans les bois et pignadas pour les mettre à l’abri du mauvais temps». Etés trop chauds ? « On tient les troupeaux dans les parcs depuis 8 à 9 heures du matin jusqu’à 5 ou 6 heures du soir et on les tient au pâturage le matin, le soir et une partie de la nuit. » |
Etés pluvieux qui rendent l’herbe trop humide ? On les fait paître dans les landes « où les herbes sont desséchées par le moindre vent ». Les bergers prennent garde de ne pas les laisser coucher sur la terre humide parce qu’on a remarqué que cela leur cause des « hidropizies ».
Les bergeries : des bâtiments modestes
Ce sont des « chambres (pièces) construites en pierre, avec un mortier, moitié terre et moitié chaux, couvertes de tuiles creuses » qui servent de bergeries dans les environs de La Réole.
Vers Aillas, on décrit des bâtisses « ordinairement en quarré, couvertes seulement d’un toit, à deux eaux avec des murs de 70 centimètres d’épaisseur».
Vers Bazas, on se contente d’une « chambre de la maison ou quelque partie d’une grange ». Couvertes de tuiles, leurs murs sont élevés en torchis et pierre. « Mal aérées elles ne prennent ordinairement de l’air que par la porte qu’on tient toujours fermée et par quelque petite fenêtre qui ne saurait donner assez d’air dans la chambre. Aussi les bêtes sont-elles sujettes à de fréquentes maladies ».
Une surprise dans le questionnaire envoyé aux subdélégués, on relève l’interrogation suivante :
Réponse unanime : le fumier.
C’est dans ces bergeries, qu’est produite cette denrée précieuse qu’est le fumier. Il a plus de valeur que la laine ou la peau.
Mode d’emploi : Semaine après semaine, on ajoute de la litière fraiche, sans ôter l’ancienne. Les couches s’amoncèlent avec les déjections des bêtes. Le dépôt peut atteindre 40 centimètres. On vide la bergerie 2 ou 3 fois par an. Le fumier recueilli est alors étendu sur les sols où se cultive le chanvre. Cette culture, omniprésente dans ce petit pays, ne se plait que dans des terres bien amendées. Entre autres usages, le chanvre sert à faire des cordages.
Dans ces bergeries il n’y a pas de râtelier (sauf dans les environs de Bazas où il est installé de telle sorte qu’il s’adapte au niveau de fumier entassé). La cause ? Le manque de fourrage pour nourrir les bêtes. En hiver, elles doivent se contenter de feuillages d’ormeau ou de peuplier. Vers La Réole, c’est avec du pain de lin qu’on nourrit les bêtes (un marc obtenu après avoir pressé le lin dont on a extrait l’huile). Il n’y a pas de foin. Ce que déplore le délégué, rédacteur du mémoire, qui fait observer « Beaucoup de terres incultes où l’on pourrait faire des prairies naturelles ou artificielles ; mais il n’est pas possible d’y obliger nos paysans esclaves des anciens usages ».
La viande
Si le fumier reste privilégié, l’élevage du mouton offre quelques profits. Commençons par la viande. Il y a deux foires à La Réole. La chair des moutons du Bazadais est décrite comme « délicate ». Elle se vend bien. Celle d’Allias et de La Réole« dure mais bonne » provient de moutons que l’on a engraissés à partir de trois ans avec du pain de lin. Il est noté qu’on n’engraisse pas d’agneaux pour la viande pour une vente à Carnaval ou Pâques comme le voudrait la coutume.
Les réponses au questionnaire induisent l’omniprésence des bouchers. Ils ne se contentent pas d’acheter, de tuer et de vendre la viande, ils se déplacent dans les bergeries et achètent agneaux et moutons. Parfois ils les font engraisser dans des pâturages qui leur appartiennent.
La laine.
La production de laine est-elle rentable ? Cela dépend de la qualité de la fibre : grossière ou fine, de sa couleur : blanche, grise, noire. La toison est-elle propre ou sale (les brins de bruyère qui sert de litière s’accrochent aux toisons) ? Lavée ou pas ? En « suint » ou pas ? Tondue ou pas ? etc. Rappelons que le « suint » est une matière grasse qui imprègne la laine. Les prix varient du simple au double selon que la laine est lavée ou pas. Un avantage pour ceux qui habitent à proximité d’une rivière, la Garonne, le Ciron ou autres ruisseaux.
Un artisanat local plus ou moins développé ? Les réponses mentionnent des« manufactures » près de Bazas. Elles produisent des étoffes « fort grosses et communes »connues sous le nom de « droguet » (laine mélangée avec du fil (de chanvre) que les tisserands fabriquent), de « cordillat » (étoffe à côtes) ou de « capa » (laine seule). On emploie aussi la laine pour faire des manteaux et des capes. Il est noté aussi la fabrication de« matelas pour les lits ». On déplore une baisse d’activité depuis la fin de la guerre et la perte du Canada (la Guerre de 7 ans s’est conclue par la perte du Canada).
La laine du canton d’Aillas qui est traitée vers Pondaurat et Gajac est utilisée pour confectionner des vêtements pour les paysans. On fait aussi dans les différentes paroisses du secteur des étoffes de qualité « très bonne de durée et très chaude », du « cordillat » ou du « capa ». Il est noté que « les paysans s’habillent ordinairement des (laines) noires et brunes; et les blanches servent à faire des couvertes de lit ».
Les peaux
Vers La Réole le prix des peaux varie : au temps de la tonte (été) 12 à 15 sols avec la laine et, après la saint Rémy (1er octobre), 10 à 12 sols avec laine et 3 sols sans laine. De bonne qualité, les selliers l’utilisent pour faire des escarpins et des tabliers pour les artisans et les laboureurs. On en fait aussi des cribles.
Si les tanneurs du pays de Bazas utilisent une partie des peaux pour faire de la basane(*), la plus grande partie des peaux est vendue par les bouchers aux mégissiers de Bordeaux.
Des moutons en pays de landes, celles que le subdélégué de Bazas situe « entre le Ciron et la mer », celles de Belin et ses environs et celles de Lipostey, Moustey, Luxey.
Dans un paysage de landes, plus ou moins humides, parsemées de quelques pignadas, les troupeaux sont moins importants qu’autrefois : 150 à 250 bêtes. Certains propriétaires de petits troupeaux se regroupent pour prendre un berger qu’ils payent à frais communs.
Ici, chaque troupeau est conduit par un pasteur. Une charge pour le propriétaire des landes girondines : de 10 à 14 écus, un agneau d’un an, 2 chemises neuves, une paire de culotte de toile, et 2 paires de sabots et « l’on se charge de payer sa capitation ».
Dans le canton de Belin, il lui en coûtera 12 boisseaux de grain, deux tiers de seigle et 3 petits panis que l’on appelle millade et 10 écus pour un troupeau de 100 bêtes et jusqu’à 20 écus pour un troupeau de 3 à 400 bêtes. Il est noté que dans cette somme est comprise la nourriture du chien.
A Lipostey, le propriétaire doit prévoir 8 boisseaux de seigle des boisseaux de panis et 30 à 35 livres.
Trouver le pâturage qui convienne aux moutons, au bon moment, au bon endroit cela revient au pasteur. Dans les landes girondines « pendant les trois quarts de l’année il les conduit dans une vaste lande de plusieurs lieues de longueur et couverte de petites bruyères qu’on brûle pendant l’été pour bonifier le pâturage. Dans la saison la plus rude, on les conduit dans les bois et pignadas pour les mettre à l’abri du mauvais temps. Par temps chaud, on les laisse dans les parcs de 8 heures du matin jusqu’à 5 heures du soir et on les envoie pâturer le matin le soir et une partie de la nuit. »
Ailleurs, vers Belin le pasteur alterne les friches humides l’été avec les landes l’hiver. Quand il fait chaud, il fait paître la nuit avant d’envoyer les moutons sur la lande humide.
Le berger de Lipostey déplore l’humidité excessive des landes. Il recherche les lieux un peu élevés. Il« ne conduit les troupeaux aux pâturages dans les temps chauds que deux heures le matin après que la rosée « a tombé » qui est un poison pour les bestiaux. On les empêche surtout de boire. Dès que la chaleur se fait ressentir, qu’il pleut ou qu’il fait des orages on les renferme ». Le parcage du troupeau est pratiqué tout au long de l’année ; il permet d’enrichir les terres avant qu’elles ne soient ensemencées.
Et il y a des loups : S’il y a unanimité pour déplorer les dégâts occasionnés, il y a divergence au niveau des moyens utilisés pour trouver la parade. Fusils et pièges semblent avoir été interdits. Certains pasteurs l’auraient-ils oublié ? Dans la lande girondine : les loups «se tiennent dans les bois et dans les grandes bruyères ou brandes. Lorsqu’ils voient les troupeaux venir à eux, ils les « razent ». Et lorsqu’il est à portée ils courent dessus et en dévorent plusieurs s’ils ne sont interrompus par le pasteur ou par les chiens ; quelquefois, ils en rassemblent un peloton qu’ils conduisent à une ou deux lieues dans les bois pour les dévorer. On ne les prend qu’avec le fusil et on les met en fuite avec les chiens. » |
Vers Belin : « On ne peut les prendre que bien petits ou lorsqu’ils tètent. Autrement il est difficile de les prendre qu’à coups de fusil et au guet, mais personne n’ayant permission d’avoir des fusils on n’en prend presque plus, moins encore avec des pièges qui sont plus étroitement défendus. Leurs ruses sont considérables et de plusieurs manières, mais un pasteur habile et au fait les met en fuite aux cris de sa voix et à l’aide du moindre chien. »
A Lipostey, « Ils font un ravage considérable. On n’en a jamais tant vu. Surtout depuis les défenses de tenir et avoir des armes. Leurs ruses sont sans fin. On n’a pas de pièges. On ne les met en fuite que par des cris et avec de gros chiens dont la dépense est considérable On ne sait comment détruire ces animaux. »
Bergeries en pays de landes
La description du bâti des bergeries laisse entrevoir sans surprise des bâtiments construits avec les matériaux trouvés sur place : murs de torchis, de bois, ou de pierre noire. Toits en paille de seigle, brande ou tuiles creuses.
Dans les landes girondines : « on place les bergeries dans les endroits les plus élevés et plus secs. Elles sont construites en forme de hangar dont les trois côtés extérieurs, savoir du côté du couchant, du nord et du midi sont fermés par un torchis de 6 pieds de hauteur. Les côtés intérieurs sont ouverts et fermés par une rangée de piliers de 6 pieds de haut sur lesquels sont établies les fermes qui soutiennent la charpente et ils donnent sur une cour qui est fermée au levant par une palissade au milieu de laquelle on place un portail. Les bergeries sont presque toutes couvertes de paille de seigle, et fort peu de tuiles », « la cour est aussi spacieuse que le couvert. »
Dans les paroisses autour de Belin, « les bergeries qu’on appelle parcs sont toutes construites à peu près la même chose, plus ou moins grandes suivant le troupeau de chaque particulier. Elles sont couvertes de tuiles creuses, à trois eaux, avec des piliers pour soutenir les deux premières fermes dudedans et sont fermées tout autour de bois ou de pierre en murs d’environ cinq pieds ». Dans les bergeries, les bêtes ont l’air qu’il leur faut. « Aux parcs bâtis près des maisons on laisse un vide près de la porte pour que l’air y entre plus aisément, mais on n’oserait le faire dans ceux qui sont bâtis au milieu des landes ».
Vers Lipostey : « Les bergeries sont construites en bois et mauvaises pierres noires couvertes de paille, de brande et tuiles creuses ». Autrefois on donnait de l’air aux bêtes pendant l’hiver. Les bergeries sont aujourd’hui « fermées, comme les maisons. C’est la meilleure méthode pour la conservation »
Dans toutes ces bergeries, ici comme ailleurs, on entasse les litières déposées sur l’ancienne couche une fois par semaine. Le fumier récupéré servira à ensemencer les champs. Il est noté :
« comme il est l’âme du terrain stérile de tout le pays de la lande, on ne saurait le faire fructifier sans cet engrais car sans lui pas une sorte de grain ne produirait ». |
Dans la bergerie on héberge mais on ne nourrit pas ou peu. En hiver, les bêtes ne vivent que de ce qu’elles ramassent. Elles sont sorties par tous les temps sauf quand il neige. Dans ce dernier cas, on leur donne à l’intérieur des feuilles ou les extrémités de branches de pin.
La viande
Quoi qu’il en soit, la chair des moutons est appréciée. Qualifiée parfois de « succulente », on y retrouverait parfois la saveur du serpolet. Ceci pour les moutons gras. Pour les moutons maigres comme ceux de Lipostey qui produisent une viande « très mauvaise », les bouchers - ils se déplacent dans les bergeries- n’en donnent pas cher.
La laine
Dans la lande girondine elle se présente comme longue, grasse, blanche, un peu sale, mêlée avec les brins de bruyère qui sert de litière. Avant la perte du Canada elle se vendait bien, depuis la paix elle a perdu beaucoup de sa valeur. Les toisons sont vendues telles qu’on les coupe, sans être triées ni lavées. Les marchands qui les ont achetées les lavent dans les ruisseaux à leur portée.
A Belin, on décrit la laine comme : courte et frisée, demi-fine, blanche sans autre saleté que le sable. Elle est vendue sans tri à des gens du lieu, de Bordeaux ou de la Saintonge. « Certains marchands de laine lavent leur laine et d’autres l’emportent à Bordeaux ou à la foire de Lamarque en août où les saintongeais les vont acheter. On y exporte celles qui sont lavées ». Les toisons peuvent être lavées dans la Leyre où d’autres ruisseaux. Il est noté que « les marchands choisissent les plus belles toisons pour servir d’enveloppe aux petits ballots qu’ils font et mettent dedans la plus chétive. »
A Lipostey, la laine blanche, très courte et grossière est remplie de paille. On ne trie pas les toisons qui sont lavées ou pas.
Il n’y a pas de manufactures dans le pays. Certaines laines sont cependant envoyées vers Bazas.
En ce qui concerne la région de Lipostey, on peut lire la note suivante : « La pauvreté du pays, le peu d’industrie est la cause qu’il n’y a pas de manufacture quoiqu’il serait très important qu’il y en eut et des plus profitables au public y ayant des ruisseaux abondants et autres endroits propres pour cela en y envoyant des ouvriers ; on ne saurait trouver un meilleur expédiant à tous égards pour la satisfaction du pays. »
Les peaux
En ce qui concerne les peaux garnies de laine, « les paysans des landes emploient une partie pour se faire des vêtements et des guêtres dont ils se servent l’hiver. Les marchands de Bordeaux les achètent la plus grande partie sans être façonnées qui les revendent ensuite aux marchands du Poitou et de l’Orléanais pour servir de couvertures aux chevaux des rouliers et autre usage ».
Quant à la peau sans laine elle« se vend aux tanneurs ou mégissiers du pays. Elle sert à faire du chamois, basane ou peau blanche ». Vers Belin, des peaux à prix variables : 12 à 15 sols pour celle d’un mouton gras avant la tonte, et presque rien après, jusqu’à 8 sols pour celle des brebis qui périssent pendant l’hiver et 5 à 6 sols après la St Rémy. Toutes les peaux du canton s’exportent et se vendent à Bordeaux à des Saintongeais, Bretons et autres étrangers. On ne connait pas la l’usage de ces peaux. A Lipostey, une peau avec sa laine peut aller jusqu’à 8 sols, après la Saint Rémy 4 à 5 sols. Une peau sans laine : rien ou au plus 2 sols. « Les pasteurs bouviers et laboureurs se font des espèces d’habits, même des espèces de guêtres, avec toute la laine. A les voir on dirait que c’est la bête même ». On ne prépare point les peaux. S’il en reste on les vend aux pelletiers de Bordeaux à vil prix. |
En conclusion : les réponses au questionnaire apportent sur les moutons et leur environnement beaucoup d’informations mais on aurait pu en savoir plus : sur les pasteurs, les propriétaires, les exploitants des surfaces agricoles. Des esquisses. Un point de départ pour de nouvelles recherches ?
Pour en savoir plus
Alain Contis, "L'élevage ovin en Guyenne, sous Louis XV", dans Blanchard (A.), Michel (H.), Pélaquier (E.), De l'herbe à la table. La viande dans la France méridionale à l'époque moderne.
(*) : basane = peau de mouton tannée.
Novembre 2021
Par Monique LAMBERT
Votre commune a-t-elle été concernée par les défrichements mis en œuvre à la fin du 18 ème siècle ?
Auteur : Paul Butel
Depuis 1760 jusqu’à la Révolution des hommes ont défriché des terres girondines. Il ne s’agit pas comme au Moyen-Age de transformer des forêts en terres cultivables. Le projet, celui des pouvoirs publics inquiets de ne pouvoir assumer de nouvelles crises frumentaires, c’est de mettre en culture des terres considérées comme incultes, des landes le plus souvent, « toutes terres laissées sans culture et aucun fruit depuis 25 ans ».
Dans le Bordelais, la vigne s’étend un peu partout et il faut trouver des sols aptes à recevoir des grains.
A qui s’adressent les modalités de mise en œuvre de ce projet ? Petits et gros propriétaires et les paroisses. Des intérêts souvent divergents. Faut-il défricher des biens communaux ? Les travaux entrepris ne vont ils entraver les lieux de parcours et donc limiter la quantité de fumier nécessaire à l’amendement des cultures ? Etc. Des sources de conflits à négocier, qui pèsent lourd dans la mise en œuvre des projets.
Pour vaincre certaines réticences, les pouvoirs publics décident des diminutions ou même des suppressions d’impôts
Un aperçu du travail de défrichement : Paul Butel - p. 195
Source de cette information : un article de Paul Butel. Annales du Midi : revue archéologique, historique etphilologique de la Défrichements en Guyenne au XVIIIe siècle
https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1965_num_77_72_4352
Ce texte fourmille d’informations sur la mise en œuvre du défrichement. Il distingue chaque région, chacune avec sa spécificité, son sol, ses notables, ses habitants : le Médoc d’abord qui vient en tête pour les zones de défrichement puis l’Entre-deux-Mers, les Graves, le Cubzaguais, la région de Coutras et le pays de Buch. Des modes d’approche bien différenciées.
Un exemple riche de sens : un document rédigé M. de la Salle de Ciron. Ce grand propriétaire présente la commune de Saint Médard en Jalles et l’opposition à ses projets de défrichements p 193 à 197.
Paul Butel cite ses sources (série C en particulier) ce qui ouvre la voie à des recherches plus précises sur la mise en valeur de certaines pièces de terre comprises dans cette politique de défrichement. Des recherches complémentaires seraient les bienvenues. Elles permettraient de conforter les perspectives avancées par Paul Butel. Mieux, ce serait un petit plus à apporter à la connaissance de cette entreprise qui a certainement modifié durablement la physionomie de certaines paroisses et le mode de vie de ses habitants.
(18/03/2021)
Par Monique LAMBERT Nous sommes à Sadirac, dans l’Entre-deux-Mers. Un domaine : Le Petit Verdus.Entre 1786 et 1789, un valet du nom de Pierille y a tenu un livre de comptes. Parmi les pièces données qui au bouvier pour porter du vin à La Bastide (6 livres), qui au portefaix pour porter le linge à la Rivière (6 sols), figure la prestation d'un taupier. |
Quiconque a fait du jardinage a observé un jour ou l'autre l’apparition de monticules de terre dans des carrés de légumes. Cet incident se situe en général au printemps.
Quelques mots sur les mœurs de la taupe : ce mammifère affectionne les haies ou les murs. C'est là que se tient le gîte principal. Or Il lui faut chercher de la nourriture, vers blancs, vers de terre et autres larves d'insectes. Alors elle creuse des galeries, surtout le matin et le soir. Elle affectionne naturellement les terres meubles comme celles qui viennent d'être retournées par la bêche. Ce qui lui permet de rejeter aisément la terre. En hiver, elle a préparé son nid souterrain, décelable par la présence de 4 à 5 grosses taupinières fort rapprochées au-dessus de sa demeure. Au printemps, elle met bas 2 à 5 petits. Elle peut récidiver une deuxième fois dans l'année..
Certains pensent que cette bête a quelque utilité car elle draine la terre et mange des bestioles réellement nuisibles.
Cependant depuis toujours on a essayé de s'en débarrasser par tous les moyens, avec des succès divers. La bête apparaît quelque part assez diabolique.
Extrait du livre de comptes :
Le 11 février 1787 : pièce pour atrapé 4 taupes 8 sols
Le 24 mai 1787 : pièce pour atraper 3 taupes 15 sols
Le 25 mars 1788 : pour faire atrapé 9 taupes à 5 sols 2 L 5 sols
Le 17 avril 1788 : pièce pour faire atraper 9 taupes à 5 2 L 5 sols
On peut remarquer la flambée du cours de la capture de la taupe en quelques mois (de 2 sols à 5 sols). Le taupier aurait-il quelque secret? Ce qui expliquerait peut-être le coût élevé de la prestation.
Pour mieux situer le prix à payer pour se débarrasser de ce nuisible, voici le relevé de quelques dépenses, consignées dans le même livre de comptes.
Une journée de travail d'un jardinier est payée en 1787 : 6 sols
Une journée employée au jardin le 8 avril 1788 : 15 sols
Une journée de manœuvre le 4 septembre 1788 : 14 sols
Une journée de vendanges le 6 octobre 1788 : 8 sols
Une pelote de corde pour les sacs le 8 juillet 1787 : 5 sols
Une douzaine d'œufs pour sortir le vin à 8 sols le 15 février 1788 : 2 L 8 sols
Source : document privé
Par M.Lambert.
Bordeaux et ses campagnes ont souffert de manques d’approvisionnement. Un témoignage, le certificat rédigé par un officier de santé.
Je soussigné officier de santé de la commune de Bordeaux certifie qu'and vertu de linvitation qui ma été faite par l'agent national près le district de Bordeaux, m'estre transporté dans la commune de Bonnetan afin dy constater la nature de la maladie dont certains habitant sont atteints, assisté de l'agent national de laditte commune, jai visité les malades; & je me suis convaincu de leur état pour le simptomes qui caracterisent cette maladie; j'ai observé que leur maladie netait pas epidemique puisquelle n'est pas susceptible de contagion; mais quelle provient de la grande quantité d'erbes que ces habitants ont mangé, qui par leur nature aqueuse & peu nourrissante,& et ne pouvant pas dailleur les animaliser par quelques peu de graisse ou de viande, les ont jetté dans une grande faiblesse, de manière que les solides ayant tombé dans latonie, l'engorgement des pied et des jambes a eu lieu, ainsi que lidropisie générale ches quelques uns; avec rupture de lepiderme qui recouvre la surface externe des pieds & des jambes suite indispensable de la distention trop considerable de cette membrane; j'estime donc qu'il sera facile darreter le cours de cette maladie en donnant à ces malades les remedes que je leur ai prescrit, & en leur donnant une nourriture plus succulante puisqu'il ce trouvent dejà beaucoup mieux depuis que la nourriture leur est venue un peu meilleure et plus à bondante Fait à bonnetan le 27 messidor 2ème année Républicaine [Signé] Sorbet ADG 4 L 63 |
C’était le 15 juillet 1794. Les troubles observés relèvent certainement de carences alimentaires. Le terme « erbes » doit être compris comme légumes (choux, raves, etc.). Des commentaires médicaux seraient les bienvenus.
Les lacunes des registres d’état-civil de la commune de Bonnetan n’ont pas permis d’observer des variations de mortalité à cette période.
Des recherches complémentaires permettaient peut-être de vérifier si les dires d’un certain Lagrêle employé au fourrage à Bordeaux avaient quelque fondement .
C’était le 7 mai 1793, ce citoyen écrivait aux citoyens Terson à Castres : « Toujours misérable pour la vie ; il y a un quart des citoyens et citoyennes du district de Cadillac qui sont morts de faim et les deux autres quarts auront de la peine à se sauver. Fais bien attention qu’il y a de ces malheureux qui n’ont pas mangé une bouchée de pain de quarante jours. Voila la situation triste. » (Inventaire sommaire des archives municipales, T IV, p.133)
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(09/2014)
Par Girondine. Ce n’est pas une histoire d’amour – Même pas un fait divers – Un accrochage, une dispute pour un motif qui nous insinue dans le Macau de ces temps-là - 1900. Cet article aurait pu s’intituler : Luzerne ou liseron ? C’est un jugement de la Justice de paix du canton de Blanquefort (ADG33 4U 11/34) qui développe très longuement cette affaire qui, n’en doutons pas, a animé les veillées macaudaises. |
L’incident s’était produit le 13 septembre 1900, vers les neuf heures du matin.
Voici le résumé des faits, tels qu’ils ont été présentés à une première audience le 3 novembre.
Le lieu de l’incident : une luzernière près du cimetière de Macau. Cette luzernière avait 10 mètres de large. La longueur n’a pas été précisée.
Madame Chelle, une veuve de 50 ans, sage-femme, aurait traversé cette luzernière pour se rendre à une pièce de terre « pour enlever du chiendent ». C’est alors qu’ André Beaucher, jardinier de cette terre, se serait précipité sur elle, en la traitant de « voleuse de luzerne ». « Il la prit brutalement par le bras pour la faire sortir de son terrain et le lui serra si fortement qu’il en est résulté des ecchymoses qui ont été constatées par le docteur Chevalier, ce qui a occasionné une incapacité de travail pendant douze jours ». C’est la version de madame Chelle.
André Beaucher soutient qu’il aurait voulu la conduire chez le garde et que madame Chelle aurait menacé de le frapper.
De plus, il conteste son acte, exercé « sans brutalité » dit-il, et l’incapacité de travail.
Le 14 novembre, avait lieu la contre-enquête avec dépositions des témoins.
Les témoins de Madame Chelle :
- Catherine Alary veuve Grave, 52 ans, cultivatrice, habitant Macau :
« Le 13 septembre vers 8 heures et demie ou 9 heures du matin j'étais en train de travailler avec ma fille Marguerite, âgée de 23 ans et mon fils Jean âgé de 10 ans, à la journée, pour le compte d'un nommé Soult derrière le cimetière de Macau lorsque j'entendis crier. M'étant retournée, je vis M. Beaucher André qui tenait madame Chelle par le bras la traitant de voleuse en disant "arrêtez". Madame Chelle était dans une luzernière appartenant à Mme veuve Renouil. J'ignore si M. Beaucher est fermier de cette pièce.
M. Beaucher traina brutalement madame Chelle jusqu'auprès de nous en nous prenant à témoin qu'elle lui volait sa luzerne mais je n'ai rien constaté de pareil, au contraire madame Chelle n'avait dans son tablier que des lizerons des champs et point de luzerne.
Lui ayant dit que je ne voulais pas lui servir de témoin il partit soit disant pour aller chercher le garde-champêtre. Madame Chelle l'attendit patiemment près d'une heure. Pendant ce temps elle m'a montré son bras où les doigts de M. Beaucher s'étaient imprimés en noir. Elle paraissait souffrir beaucoup. Elle me le fit voir de nouveau deux jours plus après et je vis qu'il était gonflé et encore plus noir que le premier jour.
En attendant M. Beaucher qui d'ailleurs ne revint pas, madame Chelle ramassa du chiendent dans la terre où nous étions en train de travailler puis s'en alla. »
- Marie Baziadoly, épouse Dejean, 48 ans, propriétaire
« Dans le commencement de septembre dernier, vers 8 heures et demie 9 heures du matin, je vendangeais avec mon mari dans une vigne nous appartenant située près le cimetière de Macau. Nous venions de cesser le travail pour déjeuner lorsque nous aperçûmes à 50 mètres environ madame Chelle qui traversait une luzernière appartenant à madame Renouil affermée à M.Beaucher.
Au même moment nous entendîmes M. Beaucher lui criant "Arrêtez, vous êtes prise". Il survint aussitôt la traitant de voleuse de luzerne et l'empoigna par le bras en essayant de l'entraîner. Madame Chelle lui criait "Lâchez-moi, vous me faites mal" mais il ne la lâcha point et la traîna jusqu'auprès de madame Grave qui travaillait non loin de là. A ce moment, il se décida à lui laisser les bras libres et madame Chelle éparpilla le contenu de son tablier dans lequel j'atteste qu'il n'y avait que des liserons des champs et pas du tout de luzerne.
M. Beaucher étant parti chercher le garde-champêtre, madame Chelle me montra son bras qui était tout bleu et meurtri par les doigts de M. Beaucher; elle attendit fort longtemps le retour de celui-ci mais il ne revint pas. »
Le témoin de Monsieur Beaucher :
- Julien Estève, 39 ans, cultivateur.
« Vers le milieu de septembre dernier, en tout cas trois ou quatre jours après ce qui s'est passé entre monsieur Beaucher et madame Chelle, j'ai vu cette dernière ramasser de l'herbe une fois et une autre fois porter un sac de ripes sans paraître souffrir de son bras. »
Monsieur Beaucher ne réclame rien pour le fait que madame Chelle ait traversé sa luzerne, mais conteste l’incapacité des 12 jours.
Madame Chelle reconnaît avoir repris son travail le 18 septembre. Elle a été obligée de se faire aider et a subi des « pertes sérieuses » soutient-elle.
Monsieur Beaucher ne réclame rien pour le fait que madame Chelle ait traversé sa luzerne, mais conteste l’incapacité des 12 jours.
Madame Chelle reconnaît avoir repris son travail le 18 septembre. Elle a été obligée de se faire aider et a subi des « pertes sérieuses » soutient-elle.
Le 17 novembre, le tribunal rendait son jugement définitif.
Madame Chelle demandait 20 francs de dommages intérêts pour 12 jours d’incapacité de travail.
Or, elle a opéré un accouchement le 18 septembre. Le juge en a conclu que l’incapacité de travail avait cessé.
L’indemnité journalière a donc été calculée sur 5 jours et pour un montant de 10 francs par jour seulement. Il avait été demandé 16 francs soixante dix centimes. Demande rejetée car ne correspondant pas au salaire moyen journalier d’une sage-femme.
Quant à monsieur Beaucher, il est condamné à payer à madame Chelle 50 francs ainsi que les dépens, coût de l’acte et mise à exécution.
Trois P.V. de l'affaire.
3 novembre 1900 - ADG33 4U 11/34 Le Tribunal de Paix du canton de Blanquefort - arrondissement de Bordeaux, département de la Gironde, présidé par M. Louis Patronnier de Gandillac Juge de paix assisté de m. Gustave Alais, greffier de cette Justice de Paix dans son audience civile publique du 3 novembre 1900 a rendu le jugement suivant : Entre madame Marie Renon veuve de Jean Chelle, sage femme demeurant au bourg de la commune de Macau, demanderesse comparante en personne, d'une part; |
14 novembre 1900 – ADG 4U 11/34 Procès verbal d'enquête Veuve Chelle / André Beaucher en date du 3 novembre 1900 L'an 1900 et le 14 novembre |
17 novembre 1900 – ADG 4U 11/34 Le Tribunal de Paix du canton de Blanquefort, arrondissement de Bordeaux, département de la Gironde présidé par M. Louis Patronnier de Gandillac, Juge de Paix, assisté de m. Gustave Blais, greffier de cette Justice de paix dans son audience civile publique du 17 novembre 1900 a rendu les jugements suivants: Entre Me Marie Renom, veuve de M. Jean Chelle, sage femme, demeurant au bourg de la commune de Macau, demanderesse, comparante en personne, d'une part; Faits : suivant exploit de M. Pierre Contolle, huissier de cette Justice de paix, demeurant rue St James, numéro 47, en date du 31 octobre 1900 enregistré, la demanderesse a fait citer le défendeur à comparaître le 3 novembre 1900 à midi et demie à l'audience du Tribunal de paix du canton de Blanquefort, séant dite ville de Blanquefort à la mairie pour porter l'exploit...
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Notes complémentaires
Madame Chelle née Marie Reynon serait née à Campugnan vers 1848. Veuve à l’âge de 32 ans d’un scieur de long, elle vivait en 1900 à Macau avec sa fille de 18 ans et sa belle-mère. Elle prenait des pensionnaires.
Une indemnité de 10 francs par jour apparaît raisonnable. En région parisienne, un ouvrier gagnait 3 francs par jour.
En 1900, il y a eu 29 accouchements à Macau.
Monsieur Beaucher né en 1853, venait du Loir et Cher. Sa femme était originaire de Coutras. Un fils, 18 ans, jardinier avec son père.
Source : recensements de Macau 1891 - 1906
(03/2014)