Directeur de l’ALCAZAR de Bordeaux en 1870
Par Marcel Marc DOUYROU.
Le 19 décembre 1873 décédait à Bordeaux au N°2 de la rue Montméjean, quartier de La Bastide Jean Charles DEBURAU 45 ans natif de Paris, artiste mime, fils de Jean Gaspard Deburau et de mère non nommée, époux de Marie Goby 1.
Depuis 1870, il était directeur de la salle de spectacles de l’Alcazar, située place du Pont à La Bastide et ses obsèques furent célébrées en l’église de La Bastide en présence d’une assistance considérable et des délégués de tous les directeurs de théâtre de Bordeaux. Son cercueil fut acheminé gare d’Orléans pour l’inhumation à Anet (Eure-Loir) où il possédait une maison de campagne.
Jean Charles Deburau était né à Paris en 1829 et fut baptisé en l’église Ste Elisabeth à l’âge de huit ans. Il signa son propre acte de baptême. Son père, le célèbre mime Gaspard Deburau et sa mère Louise Eudoxie Boucher le mirent en apprentissage de peintre en porcelaine, ne souhaitant pas en faire un artiste. Mais il monta à son tour sur les planches.
Son père Jean Gaspard Deburau, créa en 1819 à Paris boulevard du Temple au Théâtre des Funambules le « PIERROT » personnage muet à la blouse de caliquot blanc à grandes manches et au visage enfariné.
Jean Gaspard Deburau était né en 1796 à Neükolin (Bohème) fils d’un ancien soldat français Philippe DEBRO (sic) qui devint chef d’une troupe de saltimbanques composée des ses fils, François l’aîné, Etienne, Jean Gaspard et deux filles. La troupe débuta à Paris dans les salles de spectacles du boulevard du Crime, très fréquentées au XVIII°siècle.
Deburau a été immortalisé par Marcel Carné et Jacques Prévert en 1945 dans le film « Les enfants du paradis » considéré comme l’un des chefs d’œuvre du cinéma français, une fresque de trois heures, évocation et reconstitution remarquable du boulevard du Temple, de la vie du théâtres des Funambules et de son rival le théâtre de Mme Saqui.
Le Pierrot blanc est joué par Jean-Louis Barrault, l’acteur Frédérick Lemaitre par Pierre Brasseur.
L’actrice Arletty, Garance dans le film, intervient dans leur vie.
Gaspard Deburau est mort à Paris en 1846, inhumé au Père La Chaise, prés du mur de clôture qui surplombe en terrasse le boulevard de Ménilmontant dans le caveau des Trouillier, ses beaux parents.
Jean Charles Deburau |
Jean Charles Deburau reprit le rôle de PIERROT après le décès de son père. En 1858 il ouvre une salle de spectacle aux Champs Elysées, carré Marigny en association avec son beau frère Emile Goby. Il présente des arlequinades, des pantomimes, des scènes comiques et musicales et un orchestre de 22 instrumentistes. Cinq mois plus tard, la salle ferme avec un déficit de 50.000 francs. On le retrouve sur les routes de France, de passage à Bordeaux et Bayonne au mois de mai 1867, où il présente « Les amours de Pierrot », « Les deux Jocrisses » pantomime arlequinade avec Mlle Marie Maury. Il se fixe à Bordeaux en 1870 et prend la direction de l’Alcazar au quartier de La Bastide. Mais trois ans plus tard il décède âgé de 44 ans au N° 2 de la rue Montméjean. Selon l’acte de décès à Bordeaux il était le conjoint de Marie GOBY épousée en 1857 civilement à Tours et religieusement à Orléans (Ste Croix). |
Jean Charles Deburau a été photographié par Adrien Tournachon ( 1825-1903) dessinateur, peintre, photographe, frère de Félix Tournachon plus connu sous son pseudonyme FELIX NADAR.
Il a réalisé une série de portraits en costume de scène ou de ville de Deburau, ainsi que des photos de numéros d’acrobates, saltimbanques, chiens savants, chevaux de cirque.
Le 7 juin 1998 un portrait de Jean Charles Deburau par Adrien Tournachon a été mise en vente aux enchères à Bièvres au prix de 200.000 francs. Il a été adjugé par le commissaire priseur à la somme record pour une photographie de 1.150.000 francs (200.000 Euros environ)
1 Jean Charles Deburau est né le 15/02/1829 à Paris 209 rue du Faubourg du Temple, fils de Jean Gaspard Deburau artiste dramatique 38 ans et de Louise Eudoxie Boucher 23 ans fleuriste. Il a été baptisé le 21/12/1837 église Sainte Elisabeth et a signé son propre acte de baptême.
(02/2016)