La Justice de paix : un vivier d’informations sur le mode de vie des girondins

La Justice de paix : cheminer dans les liasses de la Justice de paix, c’est l’occasion d’une rencontre avec des femmes et des hommes, saisis dans leur vie de tous les jours.Ils ont eu affaire à cette justice que l’on pourrait qualifier de nos jours de «proximité »
Les procès verbaux de ces affaires, tant civiles que pénales ont été conservés et peuvent être consultés dans la série U.Ces tribunaux, institués en 1790 étaient établis dans chaque chef-lieu de canton  et ont fonctionné, avec quelques modifications jusqu’en 1958.

Par Monique Lambert

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Qui étaient les juges de paix ? Des personnes choisies pour leurs qualités morales. D’abord élus, ils furent ensuite nommés. Ils étaient assistés  par des suppléants, non professionnels. Un greffier écrivait les sentences et autres actes du juge.

Les  compétences du juge de paix 

Aux AD 33, c’est la série 4 U qu’il convient de consulter.
Les documents sont regroupés par canton et par année. Les principales rubriques :

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Commentaires
On peut se contenter de rechercher un acte dans une liasse de cette série et ne pas aller plus loin. « La justice de paix, c’est une mine d’or pour le chercheur » n’hésitent pas affirmer certains auteurs.. Inventaires, contraventions, ventes aux enchères, nous voici plongés dans une société rurale ou urbaine à la fois proche et lointaine de nos préoccupations.  On peut constater des disparités dans la nature des affaires traitées par chaque canton. Chez les uns, c’est le nombre de  PV pour délits routiers (la vitesse est peu en cause) qui peut surprendre. Chez les autres ce sera la multiplication de soucis de bornage. Un peu partout, il est question de baux – souvent verbaux - non respectés, de pacages intempestifs. Dans les petits bourgs, on peut noter les démarches de commerçants qui ont quelque peine à recouvrer leurs créances. A Bordeaux, comme il se doit, les litiges ont leurs caractères spécifiques : ceux d’une grande ville.

La grande majorité des actes ne concernaient que les gens modestes. Mais pas tous. Dans le canton de Pessac, en 1840, la vente des meubles de la maison d’habitation,(Branon à Léognan), de  Guillaume de Licterie, décédé, s’est élevé à 12 850 f.

Quelques exemples

Canton de Grignols le 16 juillet 1885 (4 U 23/18) N° 31.
 Minvielle, cordonnier avait donné en location (bail verbal) à Monguillot maréchal-ferrant une maison et le « fumier qui serait fait dans la maréchalerie ».
Monguillot a déguerpi sans demander l’autorisation. Il avait commis quelques dégradations. De plus, il avait emporté le fumier ! Des experts ont été nommés. La suite de l’affaire n’est pas connue. Sans doute ont-ils trouvé un arrangement

Canton de Pessac  le 11 juillet 1854 ( 4 U 33/46) N° 173.
Les protagonistes :
le Ministère public « poursuivant dans l’intérêt de la vindicte populaire » 
contre le Sr Eugène Fraiche, 10 ans, vacher au service du Sr Gustave Jude, courtier maritime et le sr Jude pris comme civilement responsable, demeurant le Sr Eugène Fraiche chez son père sur la propriété de M. Jude à Madère, Villenave d’Ornon.
Les faits : Le garde-champêtre a constaté qu’Eugène Fraiche, vacher, faisait pacager neuf vaches sur un chemin vicinal.
Eugène Fraiche a reconnu les faits et réclamé l’indulgence du Tribunal. Le Sr Jude s’en est remis à Justice.
Le Tribunal a déclaré Eugène Fraiche coupable de contravention de simple police et l’a condamné à 1 f d’amende solidairement avec Gustave Jude civilement responsable et aux dépens liquidés à 4 f.


(04/2013)