Par Monique LAMBERT Nous sommes à Sadirac, dans l’Entre-deux-Mers. Un domaine : Le Petit Verdus.Entre 1786 et 1789, un valet du nom de Pierille y a tenu un livre de comptes. Parmi les pièces données qui au bouvier pour porter du vin à La Bastide (6 livres), qui au portefaix pour porter le linge à la Rivière (6 sols), figure la prestation d'un taupier. |
Quiconque a fait du jardinage a observé un jour ou l'autre l’apparition de monticules de terre dans des carrés de légumes. Cet incident se situe en général au printemps.
Quelques mots sur les mœurs de la taupe : ce mammifère affectionne les haies ou les murs. C'est là que se tient le gîte principal. Or Il lui faut chercher de la nourriture, vers blancs, vers de terre et autres larves d'insectes. Alors elle creuse des galeries, surtout le matin et le soir. Elle affectionne naturellement les terres meubles comme celles qui viennent d'être retournées par la bêche. Ce qui lui permet de rejeter aisément la terre. En hiver, elle a préparé son nid souterrain, décelable par la présence de 4 à 5 grosses taupinières fort rapprochées au-dessus de sa demeure. Au printemps, elle met bas 2 à 5 petits. Elle peut récidiver une deuxième fois dans l'année..
Certains pensent que cette bête a quelque utilité car elle draine la terre et mange des bestioles réellement nuisibles.
Cependant depuis toujours on a essayé de s'en débarrasser par tous les moyens, avec des succès divers. La bête apparaît quelque part assez diabolique.
Extrait du livre de comptes :
Le 11 février 1787 : pièce pour atrapé 4 taupes 8 sols
Le 24 mai 1787 : pièce pour atraper 3 taupes 15 sols
Le 25 mars 1788 : pour faire atrapé 9 taupes à 5 sols 2 L 5 sols
Le 17 avril 1788 : pièce pour faire atraper 9 taupes à 5 2 L 5 sols
On peut remarquer la flambée du cours de la capture de la taupe en quelques mois (de 2 sols à 5 sols). Le taupier aurait-il quelque secret? Ce qui expliquerait peut-être le coût élevé de la prestation.
Pour mieux situer le prix à payer pour se débarrasser de ce nuisible, voici le relevé de quelques dépenses, consignées dans le même livre de comptes.
Une journée de travail d'un jardinier est payée en 1787 : 6 sols
Une journée employée au jardin le 8 avril 1788 : 15 sols
Une journée de manœuvre le 4 septembre 1788 : 14 sols
Une journée de vendanges le 6 octobre 1788 : 8 sols
Une pelote de corde pour les sacs le 8 juillet 1787 : 5 sols
Une douzaine d'œufs pour sortir le vin à 8 sols le 15 février 1788 : 2 L 8 sols
Source : document privé